La meilleure façon de gérer un problème est parfois de s’y attaquer soi-même. Sur le front des copies d’écran et des PDF d’articles payants partagés sur les réseaux sociaux, c’est la stratégie qu’ont décidé d’adopter depuis fin novembre Olivier Biscaye, directeur de la rédaction du quotidien Midi Libre, et Sandrine Thomas, directrice des rédactions du Groupe Centre France et rédactrice en chef de La Montagne.
Les deux têtes de file de leurs rédactions respectives n’hésitent pas à apostropher régulièrement eux-mêmes les fautifs sur Twitter. “Vous ne distribuez pas vos animaux gratuitement après les avoir élevés ? Pourquoi le faire avec nos articles ? Je ne doute pas que vous le comprendrez”, lance Sandrine Thomas à la Fédération nationale bovine, dont le community manager avait relayé un article, rappelant qu’il s’agit du prix à payer pour “une information honnête et vérifiée”. “Le fait de reproduire un article paru dans @Midilibre met à mal notre modèle. Merci de copier un lien pas un PDF. Vous êtes trop attaché à l’avenir de la #pqrmonamour”, écrit Olivier Biscaye sur Twitter à un candidat aux municipales de sa région.
Bonjour, nous vous remercions de ne pas diffuser de captures d’écran ou de PDF montrant l’intégralité d’un de nos articles.
C’est le prix d’une information honnête et vérifiée. https://t.co/MieBa0XRul— sandrine thomas (@sandrinthomas) November 23, 2019
Cher @WilliamN_UVDV le fait de reproduire un article paru dans @Midilibre met à mal notre modèle. Merci de copier un lien pas un PDF. Vous êtes trop attaché à l’avenir de la #pqrmonamour @YM_Midilibre @JBBaylet @OBiscaye @cfroelig https://t.co/nSwwHeCX5V
— Olivier Biscaye (@OBiscaye) January 6, 2020
“On ne peut plus laisser faire, explique le directeur de la rédaction de Midi Libre au blog Média d’ici. L’enjeu est trop important pour les entreprises de presse. J’ai donc donné la consigne à nos journalistes, aux chefs de service et à nos 750 correspondants de ne plus laisser passer sur les réseaux sociaux des captures d’articles, voire de pages entières du journal”. Il n’hésite pas à parler de “pillage” et fustige les notables locaux qui “connaissent les contraintes économiques des entreprises”, “sont pour la plupart favorables à aider et soutenir la presse” mais “font l’inverse” sur les réseaux sociaux.
La Montagne a publié un article rédigé par son médiateur, Julien Bonnefoy, pour expliquer aux lecteurs que partager un article de la sorte, c’est “un peu comme si vous étiez entré chez le boucher au coin de la rue pour prendre gratis une côte de bœuf et la partager avec les voisins du quartier ! Pas bien. Même si vous vouliez faire reconnaître la qualité de la viande de votre artisan préféré”. Sans oublier quelques conseils, rappelant que le partage est apprécié par les journaux… à condition de ne pas dévoiler de contenus payants.